Nous étions tous là, sans être là, à nous regarder en chien de faïence, chacun dans nos vies.
Je voulais me sortir de ce merdier. Or, plus les jours passaient, et moins je me sentais la force d’y arriver.
Le moral n’est pas étranger à cet état de fait.
Depuis plusieurs mois, l’amoncellement d’évènements qui obscurcit mon horizon me laisse sur les rotules. Mon corps a beau faire de la résistance et jouer au costaud, il accuse maintenant les coups et me renvoie la balle. Il me faut le retaper, le surveiller plus que de mesure si je ne veux pas m’écrouler & crever.
Anxieuse de ce que va me dire la «machine exploratrice».
Pourquoi a-t-il des ratées ? Pourquoi les médicaments ne régularisent pas le tempo ? Pourquoi en seulement trois mois j’ai perdu cette vitalité ? Pourquoi cette inconstance qui m’empêche d’avancer ?
Pourquoi, oui, pourquoi …
La vieillesse ne peut même pas prendre à sa charge l’accusation car elle n’est pas en cause. Pourtant, la vieillarde qui a pris mon corps et mon esprit m’anéantit.
Comment rester crédible au regard des autres ?
Aujourd’hui, c’est le printemps.
Je me sens comme une branche qui fût un temps était solide, souriante de fleurs. Après une gelée blanche, la sève s’est glacée, les pétales sont flétris.
“ L’arbre est encore vivant, il ne comprend pas ce qui le paralyse …”
N’oublie jamais, il y a toujours un porte-bonheur qui va et vient tout près de toi. Quand tu penses que tout s’écroule, il vient à toi sous différentes formes.
Cette jolie « cacarinette » en est un.
Quand il le faut, elle vole plus haut, plus vite et plus loin que ne peuvent le faire tes pensées.
Prend bien soin de ne pas passer à côté en l’ignorant, un jour, elle sera ta protection.
S’il m’arrive de croiser régulièrement des sujets de la gent féline, ils sont en général méfiants, voire plutôt fuyants. Celui-ci ne l’était pas du tout, plutôt du genre causant.
Alors que je passais d’un pas vif, je vis arriver à pattes abattues Mister Tigrou tigré.
- Olaaa, olaaa… halte là petite ! Je n’ai que trois pattes valides, regarde de plus près, je ne peux plus ce « patin » poser.
Ce n’est pas tous les jours que je suis ainsi interpellée. Je m’approchai fissa de l’énergumène qui, à tous les vents miaulait.
- Montre-moi ça Monsieur « Patte de Chat » ? - Je te montre, mais je ne regarde pas. - Tes patins roses sont noirs, où es-tu donc allé ? - Ça, petite, je ne te le dirai pas, chacun sa vie privée. - Très bien « Patte de chat », tu sens la feuille brûlée. De ton pas nonchalant, aurais-tu voulu jouer ? - Jouer, jouer, tu es un fin limier, à cause de feuilles en flamme, mon patin a cramé. - Je ne peux rien pour toi. Je vois d’ici ton maître, lui pourra te soigner. - Pfff, je ne peux compter sur toi, il ne sert à rien de jouer la belle intéressée !
“Et voilà comment « Patte de chat » m’a cloué le bec, en s’en allant plus loin miauler.
A trop penser on pense tout, mais on ne panse pas ses doutes. Le silence, ce grand salaud, est le cœur du problème. Si tu étais près de moi, je saurais. Nul besoin alors de me creuser la tête à tout imaginer.
Tu étais dans ta vie, nul doute à cent à l’heure, je ne te fais aucun reproche. Une fois encore, la grande idiote, c’est moi.
Je vais commencer bientôt une nouvelle histoire. Je ne sais pas trop ce qu’elle va m’apporter, sinon qu’elle m’est plus ou moins imposée. J’ai choisi son lieu, tu vois, c’est déjà ça de gagné, mais finalement, je n’en connais que les contours.
Le contexte emmêlé où nous sommes tous pris, comme des insectes collés dans une toile d’araignée, n’apporte pas vraiment de quoi sourire. Ils ont beau répéter de belles phrases toutes faites, lister quelques conseils à suivre, le noir domine goguenard le rose. Il y a tellement longtemps que je n’ai ressenti cette insouciance de jeunesse, j’ai l’impression d’être une condamnée à mort. Je ne suis pourtant pas dans la pire des situations, je survis parmi tous et à côté de milliers d’autres. Il suffit de tendre l’oreille, à demi-mot, nous tenons tous à peu près le même discours. Certes, nous n’avons pas tous la même place sur les barreaux de l’échelle, mais au final, nous sommes égaux quant à ne pas être heureux.
Et j’avais beau me persuader qu’il ne faut pas me laisser abattre et tomber dans ce vide sans couleur, sans parfum, sans sourire, sans amour, rien à faire, l’instant de douceur ne dure jamais très longtemps. Je me recroqueville à l’intérieur de ma coquille, avec cette impression pesante d’être la mauvaise herbe dont tout le monde se fout, qui encombre l’allée, qui sera tôt ou tard débarrassé, mise au rencart, en attendant d’être jeté.
Ils pensent tous que je me désintéresse, que je ne les entends pas lorsqu’ils crient ou s’énervent. En fait, tant bien que mal, je me protège, ils me terrorisent.
Comme le roseau, je résiste en pliant sans rompre, mais j’ai de plus en plus de mal à tenir mes racines.
Ce tunnel est interminable, il me parait sans fin, sans fin et sans issue.
Même si je suis pour toi, juste « ton insignifiante », la pauvrette de passage, celle qui ne mérite rien, même pas que l’on s’arrête à peine un court instant, pour moi tu es le seul à qui me raccrocher.
Ce petit coin de rêve que nous avons tous planté à l’intérieur de soi, et qui nous fait tenir face à toutes ces bourrasques, ces tempêtes impossibles.
Quand je les vois s’agiter comme des milliers de poissons, je trouve légitime de me poser quelques questions.
Dans mon coin, je rumine toutes mes vieilles histoires. Tu sais, celles qui te rendent aigrie et te donnent envie d’être vulgaire.
Perdue au milieu d’eux, je ne suis qu’une anonyme. Ils me paraissent pour toi être des grands, des beaux, des intimes. Ceux qui savent, connaissent tout de ta vie, alors que je ne suis rien, mais vraiment rien de rien. Juste une passante qui t’aime parmi des milliers d’autres.
Ne te trompe pas.
N’imagine pas que mon cœur navigue au gré des vagues. Il maintient depuis toujours le cap dirigé vers toi et ton cœur dans la nuit.
Certes, il y a des souvenirs dont j’ai du mal à me défaire, mais ils m’ont fait entendre que leur vie est ficelée. Le comble dans l’histoire, c’est que depuis le début, c’est aussi grâce à eux que mon fil amoureux a fini par te toucher.
J’oubliais, je ne suis rien et toi, tu es tellement.
Comment « un petit poisson, un petit oiseau » peuvent-ils s’aimer dis-moi ?
J’essaye de tout mon cœur de prendre du recul, me dire que toi et moi c’est irréalisable. Rien à faire je ne peux pas, je ne veux pas, et puis tu viens me chercher. Tu relances la roue, quand je la pense cassée.
Je te l’ai déjà dit, que faut-il faire ? Hurler, crier, taper des pieds, renoncer ? Ça, jamais !
Si un jour, pour une raison valable tu devais tout briser, n’attend pas pour le faire.
“Il y a bien trop longtemps, mon cœur est trop fragile, il a bien trop pleuré…”
Tout à l’heure, l’ami m’a dit qu’il fallait être « la gomme qui efface Dame La Tristesse ».
Sur mon tableau noir, se pose aujourd’hui un peu de blanc de gris et surtout du rouge. Rouge de mes colères, rouge de mes galères, rouge de mes cris, tous contestataires.
C’est bien beau tout ça… je n’ai pas le pouvoir de tout effacer.
Juste de quoi déposer un petit bout de rose, pour un peu de douceur, un coin de vert espoir, pour des jours meilleurs, un revers de ciel bleu, pour que tu me voies un peu, quelques scintillements, de jaune soleil, de petites étoiles, qui font battre les cœurs.
Mais comment tomber, tout complètement, tout parfaitement, mon rideau de soie noire ? Comment faire paraître tout un paysage, une bulle d’oxygène, un bout de printemps ?
“Oui, j’ai pris la gomme, mais c’est le crayon qui a dessiné le point de solution.”
Ce n’est jamais trop tard. Je l’aime avant de le connaître.
***
Il y a quelques jours, quelques nuits, tu m’as dit : « il n’est jamais trop tard ».
Petite phrase anodine, qui, l’air de rien, continue aujourd’hui à faire son chemin. Sans doute as-tu raison . Tant que mon cœur bat vers toi, l’impossible n’existe pas.
Je persévère donc vers ton soleil rose, installé comme chez lui, à l’intérieur de mon esprit. Croire en moi comme en toi, envers et contre tous. Ces « tous » qui ne manquent pas de rire et sourire sous cape. Ah, si seulement le destin avait la bonté d’entendre mon appel.
Les curieux qui m’entourent veulent savoir qui tu es, si tes traits sont à la mesure de leur imagination. A vrai dire, peu m’importe tous ces détails sans importance aucune. Il y a longtemps déjà, j’ai jeté ces appâts qui pouvaient m’attirer. Ils ne sont à mon goût, que de la poudre aux yeux, un éclat de lumière pour effacer les ombres.
Rappelle-toi cher amour, quoi qu’il arrive, je t’aime, je t’aimerai bien avant de te connaître.
Qu’ai-je donc fait pour mériter cette peine, avoir besoin de toi comme tu as besoin de moi, tout le temps, à chaque instant, où que je sois, au milieu de tous, seule ou dans mon silence.
Étrange situation que sentir cet amour sans l’avoir près de soi.
Qui suis-je, que fais-je, où suis-je, où vais-je.
Tu connais tout, l’essentiel, tout ce qu’il te faut savoir. Plus-tard, tu découvriras plus et même plus encore.
À la fois si semblables et différents parfois. Lorsque je pense te perdre, tu reviens plus présent. En quelques mots, en quelques phrases, tous mes doutes s’éloignent, s’effacent, disparaissent loin, bien loin.
La question reste entière, immuable, éternelle.
“Comment pouvons-nous toujours, autant, toujours autant si fort s’aimer…”
Je ne supporte plus cette absence de chair, cette absence de corps, sans le parfum de ta peau, l’étreinte de tes bras. J’ai beau essayer, faire comme si, je n’y arrive plus, je n’y arrive pas.
Trois heures cinq du mat, tu vois, je ne dors pas et ce n’est pas de moi, je pense encore à toi. Qui des deux arrivera à briser nos travers et nos chaînes, pourra nous délivrer de cette séparation sans violence et sans haine.
“J’ai tant besoin de toi, je crois bien que je t’aime. Non ! Ça, j’en suis certaine…”
Pourtant, nous nous rappelons tous deux de chaque pierre, le moindre scintillement de surface.
Au détour d’un simple entre-deux, un instant passager de rêverie, je vois apparaître l’empreinte d’un souvenir, le tien, le mien, le nôtre, peu importe.
Parfois, je m’interroge sur ce présent qui nous emporte au gré du vent et des courants.
Se fout-il royalement de nous…
Sans se préoccuper des coups de griffes qu’il fait sur nos cœurs fragiles, il continue d’écrire et fredonner cette rengaine lancinante qui ricoche et vient nous trouver à intervalles réguliers.
Il fut un temps, une ligne d’horizon me laissait espérer. Ce jourd’hui, je ne sais plus de plus. Demain, pour qui veut savoir, se réalise pour les uns, pour les autres. Demain, pour toi, pour moi, je n’en sais rien de rien.
Je vis au jour le jour et d’heure en heure, tel un drapeau pavoise à tribord, bâbord, et cætera.
Que pouvais-je faire à part suivre tant bien que mal les ondulations d’un temps qui n’en finit pas de courir sans moi. Il me laisse immobile au bord de l’Ô du lac porteuse d’aucun message véritable de toi.
Il y a des nuits, il y a des lunes, qui courent et qui chantonnent.
L’écho disait qu’elle serait plus grande, plus brillante, plus étincelante, la mienne m’a aveuglée. Je dis « la mienne », car depuis ce matin j’en ai vu des multiples.
A l’endroit, à l’envers, sur le côté, bosselées, craquelées, emberlificotées. Du coup, j’ai trouvé que celle-ci ressemblait à un phare, un ovni, un grand trou blanc qui déchirait un voile dans la nuit.
Nous faisons tous plus ou moins semblant. Nous tournons, nous retournons dans notre microcosme, à l’image de fourmis qui s’agitent dans une fourmilière. Occuper l’espace, être présent de toutes les manières, prouver au monde entier nôtre existence.
Je fais partie de ce va-et-vient des temps modernes.
S’agripper au train en marche, surtout ne jamais décrocher son wagon de la file au risque de disparaître aux yeux de la foule passante. Celle qui ne se voit pas, ne s’entend et ne se touche pas.
Une infime parcelle de ce monde arrive à s’extraire et faire le pas de côté. Quelques privilégiés se vantent de ne pas se mélanger. Propriétaires de petites coupures épaisses, héritiers de comptes écus sonnants et trébuchants.
Moi, je te parle d’amour, de ciel, de couleurs, de lumière, de fleurs, du jour, de la nuit, soleil ou lune, étoiles et battements de cœur, parce qu’écrire me fait du bien, les mots, antidote au venin de ma vie. Oh, elle n’est pas pire pas mieux que le tout un chacun, juste un peu plus douloureuse. Cicatrices anciennes, récentes, qui laissent certains jours quelques traces plus visibles. Pour les atténuer, je préfère te parler de pluie, du temps, me perdre ou me noyer dans la beauté des autres.
Quelques instants de répit, c’est toujours ça de pris sur ma mélancolie.
Le comble dans tout cela, c’est qu’ils pensent que ma vie est belle, parce qu’au-delà du miroir, celui que tu ne vois pas, celui que je ne raconte pas, je ris. Souvent, régulièrement, pour un oui, pour un non, pour un rien. Mon noir à l’âme a besoin de cette échappatoire, cette andrône invisible, c’est affaire d’équilibre.
Toi ou toi, tu crois que je m’amuse, je joue un « rôle théâtre » afin de me démarquer. A vrai dire, j’en viens à me demander si tu n’as pas raison.
Malheureusement vois-tu, je n’ai pas le profil.
Hier, la petite m’a dit « mon dieu que vous faites jeune »… j’aurais voulu la croire, ma tête, elle, hurlait « mais tu te fous de moi ! » Telle une provocation ou bien pour m’emmerder, trois fois la damoiselle me l’a répétée.
Je me suis tue, j’ai souri.
Les prisons ne se trouvent pas toujours là où l’on imagine. Il suffit de si peu pour déposer la première pierre à l’édifice. Les jours avancent et font des fils d’années. Tu t’aperçois alors que cette liberté rêvée a comme l’horizon.
Cher amour je t’envie.
Tu peux te retourner, tu sais ce que tu as fait. Le travail accompli, le plaisir que tu as pris, le sentiment profond de ne pas avoir été qu’un acteur du grand vide.
Mon scénario perso a été agité, compliqué, il m’a usé de larmes, d’inquiétudes, de peur, de fatigue, de tout. Mais en définitive, le bonheur, le vrai, celui qui te pousse le matin à te lever, te coucher heureux parfois même content, je ne m’en souviens plus. À peine un souvenir, un halo transparent, perdu dans le brouillard de ma jeunesse fanée.
Tu comprends maintenant pourquoi je suis ce train.
Il ne mène nulle part, j’en suis bien trop consciente. Il est pour moi un filtre, ne pas être un déchet dont on finira tôt ou tard par se débarrasser sans autre forme de procès, en disant « allez hop, du balai ! »
Malgré ma canne blanche, je l´ai vite reconnue Avec ses yeux peints couleur mélodrame On fait tout c´ qu´on peut du temps et d´ son âme
J´attendais la nuit à l´ombre de l´usine J´ regardais ma vie comme un vieux magazine Le vent était chaud, le ciel plein de rouge Elle marchait sur un bateau qui bouge
Elle est v´nue vers moi pour m´apprendre mon rôle Quand ma solitude n´était vraiment pas drôle J´ai senti l´orage quand ma voix s´est cassée Mais déjà je dansais comme un clown sur la trace de Salomé
Y avait dans son lit quelques cartes égyptiennes Elle m´a demandé de deviner la mienne Plongeant dans mes yeux, elle jouait les sirènes Moi j´étais son fou, elle était ma reine
Avant de sortir, j´ai volé toutes ses cartes J´en f´rai des souvenirs pour ses amants qui partent Elle semblait dormir, j´ai cru qu´elle rêvait Ma chance est fragile, fallait pas l´user
En sortant, c´est marrant, j´ai pas fait de vacarme Mais j´ai vu ce fou s´ pendre au signal d´alarme Une fois dans la rue, j´ai enfin respiré Il pleuvait mais le vent de minuit a chanté pour Salomé
J´entends l´ pauvre Oscar appeler saint Jean-Baptiste Pour lui demander si l´ temps qui passe existe Sur le bord du puits, quand l´autre a maudit L´ombre en plein midi, personne n´a compris
Oscar est parti sous la nuit d´équinoxe Il a juste laissé sa paire de gants de boxe Tout était en place, le rideau s´est l´vé Les juges ont crié : Place aux condamnés
Tout ça peut paraître une bien étrange histoire La morale est loin dans l´ fond de ma mémoire Une bille a sonné comme un vieux bouclier Quand le vent tournera qui venait me parler de Salomé.
Jean-Patrick Capdevielle
Ω Ω Ω
Ecoute un peu mes mots...
Elle parle jamais d´hier, pour elle demain c´est trop loin Elle peut pas tomber, y a rien qui la protège C´est juste une collectionneuse de sortilèges A minuit quand tous ses bracelets sonnent Elle est comme personne
Quand le soleil qui plonge à la fin du jour s´élance En reflets chiffonnés noués sur ma vitre, La buée de sa bouche enfièvrée m´évite Même le silence me crie "Abandonne!" Elle est comme personne
Ecoute un peu mes mots T´en vas pas, petite, Toutes mes forces me quittent J´ai jamais voulu te voler Ni t´arracher Les haillons, les larmes et les chaînes De tout ce que t´app´lais Ta liberté
J´ose pas me regarder dans l´eau que ses mains retiennent Elle dit "De quoi t´as peur?" et mon orgueil explose Les portiers de ma raison se sauvent Le jeu de ses doigts m´emprisonne Elle est comme personne
Quand tout l´monde est courbé sous le vent des fausses nouvelles, Quand les écrans des théoriciens malades Vomissent leurs mots venin, elle s´évade Quand le vent muet tourbillonne Elle est comme personne
Ecoute un peu mes mots T´en vas pas, petite, Toutes mes forces me quittent J´ai jamais voulu te voler Ni t´arracher Les haillons, les larmes et les chaînes De tout ce que t´app´lais Ta liberté
Moi j´avais seulement connu deux ou trois nuits clandestines Et soudain mes passions soldées carillonnent Ma cour est vide et mon escalier résonne Elle reprend jamais les pleurs qu´elle me donne Elle est comme personne
Elle a jamais d´mandé l´brouillard de mes serments vides Et quand j´ai mal j´me plains pas d´la brûlure J´suis venu seul à g´noux devant sa serrure Quand mes derniers espoirs plafonnent Elle est comme personne.
Ecoute un peu mes mots T´en vas pas, petite, Toutes mes forces me quittent J´ai jamais voulu te voler Ni t´arracher Les haillons, les larmes et les chaînes De tout ce que t´app´lais Ta liberté...
J'ai découvert il y a très peu de temps Omar ORTÍS, artiste peintre au talent en Or massif, impossible de ne pas lui faire un clin d'œil sur mon journal, il le mérite vraiment !
Si toutes les peintures de Omar m’ont ébloui par leur époustouflant réalisme, j’attache beaucoup d’importance, particulièrement en photographie, à “ l’expression ” du regard & celle des mains…
Cette toile m’a littéralement fait craquer, j’adore !
Il y avait longtemps que Lucie n’avait fait paraître son minois.
Pour qui ? Pourquoi ?
Elle savait que tant de gens étaient en attente de ce qu’elle pourrait dire ou faire. Elle pensait à Paul, il la connaissait par cœur. D’un regard il devinait son état d’esprit.
- Bouge toi ! Réagis ! Tu ne te rends pas compte que tu t’enfermes chaque jour un peu plus ! Bon sang, je t’ai connu combative, créative, rebelle, prête à démolir des montagnes !
- Je sais Paul. La vie s’est chargée de me casser en mille morceaux. Toi, tu es pris par le tourbillon de tes amis, tes relations, ton boulot, ta ville. Moi, je n’ai plus rien, même plus mon chien !
- Combien de fois faut-il que je te répète de rejoindre la capitale ? Je suis là, seul comme un con, pendant que tu moisis dans ton bouiboui !
- Trop enracinée à ma terre Paul…
- Pas de soucis, je descends avec mon Caterpillard ! Allez la belle, je ne te demande rien, juste de te ressaisir. Retrouve ton sourire et ta joie de vivre, la suite, c’est toi qui l’écriras. Il faut que je parte, réfléchi à ma proposition, elle est très sérieuse.
- Tu es un amour, mais…
La communication fut interrompue.
Se remettre en question, bouger, changer, partir, loin, très loin… j’avais tourné et retourné des milliers de fois ces images dans ma tête. En rêve, en cauchemars, endormie, éveillée.
Pierre m’avait laissé seule. Du jour au lendemain plus de travail, j’étais tombée dans la précarité sans avoir eu le temps de respirer.
- Où étais-tu toi que j’aimais ?
J’imaginais que tôt ou tard je m’en sortirai… foutaises ! Tel un soldat dans une guerre qui ne finit pas, qu’il ne comprend pas, enfermée dans une prison à ciel ouvert, je restais prostrée, en léthargie. Recroquevillée de jour comme de nuit.
Le brasier qui flambait, étincelait, vibrait, avant, se réduisait peu à peu à une flamme fragile, prête à s’éteindre, maintenant.
Comment sortir de ce carcan ?
Paul était mon contraire, mon inverse. Son côté force me fascinait. Il n’avait pas eu une enfance facile. Perdre sa mère alors qu’il n’avait pas cinq ans l’avait rendu combatif, invincible. Il prenait des colères noires quand je lui lançais en souriant qu’il était « le cavalier immortel » Autant de fois Paul était tombé, toujours il se relevait ! Plus fort, plus vaillant.
- Ne me fais pas passer pour plus fort que je ne suis ! Te souviens-tu de ta promesse à tenir la tête haute et fière quoi qu’il arrive ? La mort n’a pas voulu de toi, alors maintenant : Vis !
La grande faucheuse n’avait pas voulu emporter la petite jeunette de vingt ans anorexique, elle ne pouvait s’empêcher de venir la narguer de loin en loin.
Lucie en était là de ses réflexions moroses, lorsque le bip de son mobile la fit sursauter…
- Oui !
- Lucie ?
- Paul !
- J’ai réfléchi, tu ne peux absolument pas continuer sur ce tempo ! Je viens ce week-end.
- Et ?
- Et tu fais tes bagages ! Ne me fait pas le coup de « ta » terre, je vais te faire goûter le bitume, les flonflons et les paillettes, les lumières, l’agitation de la rumba parigote. Tu verras, cette danse t’ira comme un gant ma cocotte !