Les soirs de pleine lune, “ Chien fidèle ” tournait comme un oiseau en cage.
Les rêves prenaient alors le pas sur la raison. Museau en l’air, il se disait qu’au fond ce décor l’étouffait.
S’évader, partir, s’envoler était la solution.
Quand ? Comment ? Seul ? Accompagné ? Loin ? Ou à portée ?
En son for intérieur, lui, il savait. Ce voyage fantastique, aux lumières magiques l’attendait, l’appelait, le suppliait, l’interpellait, le titillait.
La Lune était bien belle, brillante comme un soleil, elle éclairait la nuit et suivait les étoiles. Chien fidèle pensait qu’il aimerait bien suivre, mais seul il n’était rien, rien sans personne pour lui tenir la main.
Doucement il redescendait… Chien fidèle s’enroulait dans son solide refuge. Il soufflait à la Lune sur sa voie lactée, de ne plus l’attrister avec ses rêves si loin de “ sa ” réalité...
Si par un vol juste de passage, juste un regard entre deux eaux, tu venais à lire ces quelques lignes, ces quelques mots, sache que le silence à double sens, comme la pensée qui va & vient d’un bout à l’autre du chemin, ne se tue pas, est toujours là, de Toi à Moi.
Tu sais amour, mes coups de colère parfois blessants comme une pierre et son tranchant, ne sont pas pour te faire mal. Juste un peu d’huile sur le feu, pour que tout bouge, que tu entendes, que tu m’écoutes.
Depuis tout ce temps, j’ai renoncé à te rayer de mon décor. Si par une porte je te sors, c’est toi qui reviens en t’imposant encore plus fort. Je sais.
“ A tort ou à raison ”, ni l’un ni l’autre.
Besoin de savoir où nous en sommes par ta voix pas celle d’un autre. Les imperfections m’intéressent, celles pour lesquelles j’ai le plus de tendresse, celles qui font que tu es, que je suis, que nous sommes dans la vie.
Voilà mon cœur, ils pourront bien rire de moi, eux, de toute façon, ne savent rien, ne savent pas et c’est très bien comme ça…
J’avance sans trop savoir où ton chemin va me mener, porté par ce fil invisible que tu sais si bien accompagner.
Chaleur, lenteur du jour qui avance et laisse comme une brûlure indélébile de toi et nos souvenirs. Douceur d’un parfum qui va et vient, caresses à fleur de peau, main délicate posée sur un bout de moi, respiration…
Où étais-tu pendant ce temps qui n’en finissait pas de nous séparer…
Pour noyer mon âme bleue, déposer un peu de rose. S’apercevoir alors, que je ne connais rien de toi, tout est à découvrir.
Voir que tu es tant “ tout ” et que je suis si peu.
Je me fous de tous ceux qui trouveront à redire, car dire que « je t’aime » n’est pas un simple air, mais une vraie chanson. Ce doux refrain qui tourne, tourne & tourne encore, me suit dès le matin, me poursuit jusqu’au soir.
Ce n’est pas vrai vois-tu, que le temps efface tout.
Tu as ouvert une page du livre de ta vie, il faut tenir ma main pour que je te l’offre entière.
Il y avait un long moment que je n’étais plus partie par les chemins de ma campagne. Il était temps de retrouver le printemps, le soleil et les petits oiseaux.
Parfois, les êtres changent. Les lieux, même s’ils ne sont jamais tout à fait les mêmes, gardent leur âme & leur part de mystère. C’est le cas de cette maison que je connais par cœur et qui pourtant ne me laisse jamais indifférente. J’ai toujours l’impression qu’une fée ou une sorcière va en sortir et me faire déguerpir…
Un peu plus loin, au détour d’une courbe de voie ferrée, un train m’a fait sursauter. Peu importe, il faisait si doux, si bon, rien ni personne n’aurait pu m’empêcher de continuer. C’est là que j’ai aperçu un de mes coins préférés, je dis bien un. Je savais que le jaune ne manquerait pas de m’interpeller, alors, sans hésitation je me suis posée. Allongée sur ce tapis d’herbette colorée, j’entendais à qui mieux mieux zonzonner des abeilles très affairées…
Il a bien fallu bouger. Près d’un buissonneux roncier, les corolles de ces pervenches m’ont attiré comme un aimant. Je ne m’habituerai jamais à ce mélange de fin d’hiver et de printemps éclatant.
Après avoir passé le petit pont aux cascades du Moulin, croisé quelques pêcheurs de truites, le petit ruisselet qui chantonnait m’appelait. Impossible de résister à ces un, deux, trois soleils accompagnés d’une anémone des jardins chics.
Celle-ci criait plus fort… tout de rose vêtue, elle semblait toute perdue.
Le chuchotement des sœurs blanches cachées près du ruisseau m’a fait tendre plus fort l’oreille. Que disaient-elles ? Un mystère que je n’ai pas cherché à connaître, chacun ses secrets...
Oh le petit cabanon ! Il était si joli…
J’ai déjà capturé son profil sous les feuilles rouges d’automne. Son cœur semblait en hiver, il lui faudrait si peu pour qu’il reprenne vie.
Le ciel était tout bleu, un avion passait par là, traçant à la craie un signe…
J’ai levé le regard en pensant à toi, un peu à moi et puis voilà.
te crier, t’embrasser, t’emprisonner, mais finalement, qui peut réellement te toucher ?
Certains pavoiseront ton nom en lettres de feu, d’autres, revendiqueront ton être comme propriété, en définitive, tu finiras toujours toi, par fuir, t’échapper.
Tu dois bien sourire et même bien rire en nous voyant tous, te courir après.
Finaude, maligne, tu gardes le contrôle. Tu donnes de toi, que sous condition, à peine une parcelle. À nous de choisir si le jeu en vaut vraiment la chandelle.
Choix d’aller venir, tout faire, tout dire, sans chaînes ni entraves. Comme billets d’échange, enchaînés solide à une solitude terrible et perfide.
Qui dans la balance est le pire du mieux ou le mieux du pire ?
« Ils » répètent tout le temps, en forme de reproche, « oh bien toi tu es libre ». Pourtant quand j’y pense, il y a une fausse note, qui tombe et me pèse. Une chanson lourde, un air nostalgique, lancinant tout triste. Prisonnière j’étais, prisonnière je suis, prisonnière je reste.
Tu te demandes pourquoi ?
Je sais que tu es là, je sais que « nous » est là, lié en une douce chaîne nommée « Toi et moi », qui pourtant jamais ne s’attache en un « je suis près de toi ».
Je t’entends d’ici :
que faut-il détruire, que puis-je casser ? Je sais bien tout ça, comment tout changer ? La clé de la suite, la fin de l’histoire, ne passe pas toujours par « ta » liberté, mais bien au contraire par un « clic tout bien attaché ».
Le piège est subtil, la torture dure. Tu me connais si bien, tu sais ce que je ressens, à la seconde près.
C’est pourquoi j’écris des lignes et des lignes, qui se ressemblent toutes à quelques détails près et qui sont si loin de la liberté…
Je ne suis pas assez ridicule derrière mes « carreaux », exposé comme une bête de foire… pas besoin de me prendre en photo, je n’ai pas fait le « brush » !
Tu plaisantes, tu es fier comme un paon, admiré, choyé comme un coq en pâte.
Ne me compare pas à un coq sinon je t’affuble de dinde, oups, d’oiselle… damoiselle !
Très bien, très bien cher perroquet, puisque tu n’es pas à toucher avec des pincettes et d’une humeur de chien, je m’en vais à pas de chat.
C’est ça « Chat’dame » !
Perroquet perroquet… je t’en donnerai des perroquets, mon nom est Jaco de la tribu des « Gris du Gabon, non mais.
À la seule évocation de ton nom je pense “je l’aime tellement”.
Depuis tout ce temps, j’imaginais que j’allais oublier une seconde, un jour, une semaine, une année, puis l’autre, jusqu’à te perdre inexorablement dans la brume de mes pensées.
Fadaise !
Cette petite entaille au plus profond de moi, cette griffe brûlante qui ne s’éteint pas, les moindres détails vus, entendus, reçus, vécus, se sont installés confortablement comme dans leur salon, une maison qui leur appartient, ils sont toujours et encore là.
Heureux sont ceux qui n’éprouvent aucun sentiment… ils laissent passer allègrement les souvenirs sans les retenir, simples anecdotes sans importance, éclats de rire parmi tant d’autres, éclats d’amour au milieu d’autres.
“ Tu étais, tu seras, tu es, mon éclat d’amour en plein cœur. ”
La pluie tant attendue a fini par s’installer et ne veut absolument plus partir du tout de là. Aucune place pour un seul minuscule soleil.
Je pense à toi, un peu, beaucoup, passionnément, trop souvent, sans trop savoir pourquoi. Je sais, je te vois sourire, il y a un «trop» de trop. Tant pis. Tu me connais, je ne suis pas dans la demi-mesure.
Tu dois peut-être connaître ce sentiment étrange de ne pas être là, mais bien vers d’autres lieux que tu ne connais pas. C’est un peu ça que je ressens, chaque jour, où que je sois.
Tu as laissé sur moi des milliers de souvenirs, de multiples petits points gravés dans ma mémoire. Et je pourrais te dire qu’ils apparaissent le soir, comme des étoiles brillantes, scintillantes ou filantes, qui se donnent la main et dansent en sarabande.
Ce n’est pas du tout le cas.
C’est un tic ou un tac, qui fait tic-tac dans le cœur, un tempo régulier qui comme cette pluie s’est installé en moi.
Je t’entends, je te veux, je te vois. J’ai beau crier, hurler, rassures-toi, non ça ne se s’entend pas, c’est mon monde intérieur qui me tord et me broie, jamais je ne sens ta main qui prend doucement la mienne.
Je n’ai pas voulu, pas su, effacer cette douleur, ce rhumatisme d’amour qui s’amplifie les jours.
Le gris du ciel renvoie cette chansonnette ancienne, tu la connais par cœur. Celle de l’oiseau blessé, abandonné, il lui manque une aile. Il entend au loin l’appel, il comprend qu’on le rappelle, il désire partir, mais, il lui manque une aile. Alors, il se met à pleurer à siffler, chantonner, la mélodie toute triste, du rossignol chinois.
Nous sommes un peu pareils, le petit moineau et moi. Nous cherchons le moyen de ne plus être en marge, réparer comme on peut notre aile qui nous manque.
J’ai emprunté le chemin, celui du mur de pierre. Au passage quelques feuilles m’ont dit de faire un vœu. Le bruissement de l’ensemble m’a chuchoté fièrement, qu’un souhait tout près d’elles, toujours se réalisait.
Je sens ta présence entre ombre & lumière, l’éclat de vie en demi-teinte.
Ne te trompe pas d’image, ne te fie pas à “ mes apparences ”, ne fais en aucun cas confiance en mon reflet, il n’est qu’une fragile surface ondulant au gré du vent.
« Mais où veux-tu que j'aille lui parler cinq minutes...? »
***
Je ne savais pas bien, où, quand et comment, j’aurais bien pu le faire. Toi, tu étais si loin. Nous étions depuis longtemps coincés dans nos vies mi- heureuses. Ce n’était pas le fait de ne pas le vouloir, de tout son cœur, de toute son âme, mais nous étions prisonniers, enchaînés dans cette impasse triste. Cette saleté nous cassait, nous faisait tomber, voire dégringoler en variation de TAIME en rose et gris et noir.
En mon for intérieur, j’écoutais cette voix qui me chantait « t’en fait pas ». Ce n’est pas un hasard si tu as croisé sa route. Il y aura toujours au coin d’une autre rue un rendez-vous à prendre.
Je te sentais si près, presque je te touchais, oui, encore quelques pas, presque je te serrais.
Comme toi je faisais semblant.
Avec les uns les autres autour je souriais. Personne ne me ferait oublier mes sentiments si forts, griffés ici, puis là, ou là, en cicatrice couleur, prenant toutes les formes, douleurs en va et vient qui ne s’effacent pas.
Étais-ce donc ça aimer ?
Oh non pas cet amour, celui qui ne fait que passer. Simple touché coulé, l’espace d’un instant dans une chambre à coucher.
Étais-ce donc ça aimer ?
Te ressentir, t’espérer, t’imaginer, sans jamais me fondre en toi, sans jamais que tu sois en moi.
Étais-ce donc ça aimer ?
Pouvoir dire juste une fois, lui, c’est juste pour moi. Hé… attention danger, ne touche pas cet homme, propriété privée.
Tu vois, moi aussi je ne tourne pas rond. Les pensées vont et viennent, fusent dans tous les sens et même à contre-sens. Sur un fil fragile et ondulant, presque sur le même TAIME.
Je te saoule, mon tempo fait rengaine ?
Tant pis. Again with my rengaine.
Éternelle amoureuse, balançant de l’amour à qui veut bien m’entendre, à qui veut bien en prendre.
“ Quand donc seras-tu là ?
Que ces mots soient couverts, qu’il n’y ait que toi et moi, pour les dire ou les prendre
Tel un chat espiègle et curieux, j’ai suivi l’appel du « cygne » rouge.
C’est un monde parallèle qui m’est apparu.
Je ne pouvais dire au magicien des lieux combien j’ai été fasciné par la transformation de son « home » que je pensais pourtant connaître. De lumière en lumière, de ricochets en bulles, je me suis laissé porter.
Il est un artiste aux différents regards...
À force de tourner, virevolter, photographies de terre à ciel, de montagnes en lacs, de voitures en avions, de princesses en musique et de me retrouver régulièrement juste au point de départ, nez à nez face à lui. En mon for intérieur alors je me suis dit :
Cher ami, je suis presque certaine de vous avoir croisé. Je sais exactement où, je sais exactement quand. Sans doute trop absorbée par l’environnement, un soir d’hiver, une attente fébrile dérègle bien des choses.
Pourtant & bien pourtant… une fois encore, la question restera en suspens.
Le soleil brillait fort hier après-midi, rien de tel pour me donner envie de me ressourcer et me changer les idées dans ma campagne. J’étais pelotonnée dans de multiples épaisseurs de laine, non loin du chauffage, aussi, c’est avec plaisir que j’abordais ma promenade à venir.
Alors que j’avais en tête de venir rendre visite à un « habitant à plume » plutôt hors norme dans mes contrées, ce sont des milliers de pigeons qui ont créé la surprise...
Il y en avait tellement, du blanc, au gris, en passant par le gris bleuté, je ne savais plus où regarder…
D’un champ à l’autre, ils se posaient, mangeaient quelques graines, pour mieux s’envoler. Bien que je sois postée loin de cette colonie hivernale, couleur « papier journal », le mode « alerte » était enclenché…
Pas de doute, je vous le dis, ce ne sont pas des hirondelles ! Elles sont à cette heure en Afrique…
Après avoir effectué des tourbillons, looping, à tire d’ailes, au fur et à mesure de mes tours et contours, à coups de clic et de clac…
En quelques secondes & en coeur, la Compagnie « Pigeons » effectua l’envol final…
Pour mon plaisir et en écho à l'article de ma p'tite feuille sur l'île de Ouessant, ce merveilleux titre de Julien Clerc écrit par l'un des Jean-Louis de ma vie, Murat-Bergheaud pour ne pas le nommer
Quand femme rêve... Un cerf-volant Fort sous la neige Docile au vent Un attelage Un traîneau Passe au plus près De ma peau
Toujours l'entraîne Le goéland Le coeur en peine Vers Ouessant L'entraîne Le goéland Là-bas Vers Ouessant
Prince de Clèves Rue Corvisard Prisonnier d'elle Sous un hangar
Où elle extrait La moelle de mes os Comme fait busard Au louveteau
Pour du bonheur à partager Elle prend mes je t'aime Mes baisers Comme grand lézard là-haut Elle boit mon sang Comme l'eau
Toujours l'entraîne Le goéland Le coeur en peine Vers Ouessant L'entraîne Le goéland Là-bas Vers Ouessant
Quand femme rêve... Un cerf-volant Fort sous la neige Docile au vent Un attelage Un traîneau Passe au plus près De ma peau
Paul s’était évaporé dans la nature. Je me rendais compte que je n’avais pas bougé le petit doigt pour le retenir. Vers quel pays, quel port avait-il dirigé ses pas ?
Ω Ω Ω
Je me retrouvais seule dans cette chambre d’hôtel à écouter cette musique mariachi, vague souvenir d’une adolescence trépidante et mouvementée.
Cette époque depuis longtemps révolue me semblait à la fois si proche et si lointaine. Le ronron du ventilo tournait à plein régime, il m’empêchait de sombrer dans un sommeil que j’aurais voulu éternel.
Trois coups légers me firent sursauter.
Inquiète, je me levai sans grande conviction. Personne ne savait que j’étais dans ce pays où je ne serais jamais au grand jamais venue me perdre s’il n’y avait eu Paul.
- Oui !
A peine avais-je ouvert la porte, je sentis une main se plaquer sur mon visage, ma bouche, une voix d’homme me susurra à l’oreille d’un air menaçant :
- Ne bouge pas ou j’te crève ! Dis-moi où ton mec a planqué les papiers et le pognon !
Mon sang ne fit qu’un tour, j’avais l’impression que mon cœur allait exploser.
- Quoi ?! Non mais vous êtes cinglé ! Je ne sais pas de quoi vous parlez ! Vous vous trompez de personne…
- Tu vois ce couteau et ce colt bellissima, si tu n’veux pas que je m’en serve, il vaut mieux que tu allonges tout ce que tu sais et rapidos ! Comprendes ?
- Quel papier ?
- Ne me dit pas que ce con de Paul ne t’a pas tenu au courant de son petit business ! Comme si tu ne connaissais pas son rôle d’agent double pour le gouvernement ?
Mes jambes étaient en coton, je tombai tremblante sur le bord du lit.
- Non… rien !
L’inconnu qui empestait le cigarillo, avait une voix nasillarde, un regard d’acier. Il se dirigea alors vers la sortie sans piper mot. D’un demi-tour sec, il lança :
- Tache de te renseigner et de le recontacter, sinon… son geste significatif ne faisait aucun doute quant au sort qu’il me réservait. Il n’hésiterait pas à me tuer.
Ω Ω Ω
J’étais sonnée.
Dans quel merdier Paul s’était encore fourré ? Agent double, j’aurais tout entendu ! Qu’est ce que j’allais faire à présent ? Je comprenais mieux sa disparition incompréhensible et soudaine.
Me laisser seule, en plein Mexique, sachant tout juste tenir une conversation ! Heureusement j’avais mon passeport, je n’allais pas stagner dans ce pays où je risquais à tout moment me faire égorger. Mais au fait, où était-il ? Un doute un seul me serra la gorge. Dans un élan, je me jetai pour vérifier notre planque.
Rien !
Une fois encore, je m’écroulai, anéantie. Seule, avec tout juste quelques pesos de touriste, un tueur à mes trousses, j’étais foutue. Dans un dernier sursaut, je vis mon portable clignoter à l’image d’un phare dans la nuit. Un message laconique de … Paul !
« Lucie, je sais je suis un con, inconscient. Ne t’inquiète pas, je vais te sortir de ce guêpier. Plus d’explications bientôt. Taime toujours et encore. Paul »
Quel imbécile ! Il pensait peut-être que ce texto allait agir comme un tranquillisant. J’étais tellement énervée que j’envoyais valdinguer tout ce qui passait à ma portée. En larmes, je me jetai en travers du lit, seul et unique refuge dans cette chambre qui me paraissait de plus en plus sordide.
Une fois calmée, je composai le numéro de Paul, priant tous les Dieux pour qu’il réponde.
Cinq sonneries, son répondeur, sa voix… curieusement et malgré mon désespoir, je me sentis apaisée. C’est idiot comme parfois, quelques mots banals vous font reprendre le contrôle dans des situations extrêmes.
Mais au fait, le contrôle de quoi ?
A cette heure, le mystère reste entier au bout de ce message.
Ω Ω Ω
- Pssst ! Lucie !
- Heuuu, oui, quoi… Paul c’est toi ?! Espèce d’infâme pourriture, saleté, sale bête, mais pourquoi m’as-tu fait ça ?
- Ne perds pas de temps, viens ! Rassemble un minimum d’affaire, les passeports je m’en charge, nous repartons pour la France.
- Ça ne t’étouffe pas ?
- Je n’ai pas le temps de t’expliquer.
Pendant que Paul s’agitait, balançant en vrac quelques affaires de Lucie, elle de son côté faisait sa tête de mule. Il finit par l’attraper brusquement en l’empoignant et la poussant vers l’extérieur.
Ω Ω Ω
Je sais qu’elle n’a pas tort, je n’aurais jamais dû l’entraîner dans cette histoire. Quand j’ai accepté de venir en sous-marins à Ensenada, je devais être seul. Premières règles de sécurité pour ne pas se faire repérer : téléphoner que pour les urgences, se tenir à tel endroit à telle heure selon un plan bien établi.
Je n’avais pas prévu cet attachement, le besoin que Lucie soit près de moi en permanence. Je savais que j’allais passer un mauvais quart d’heure quand Diego allait apprendre l’entorse au programme, la réunion du conseil allait être houleuse.
J’avais bien fait de graisser la patte du groom de l’entrée. Avec sa mine blafarde et son œil fermé, il avait bonne oreille. Sa rapidité à me joindre lorsqu’il avait vu Carmino Gonzalvez entrer dans l’hôtel, demander la chambre « 8 », il avait eu une judicieuse idée. La première main de Mattéo en personne, prouvait que nous avions touché juste en subtilisant ces bordereaux numérotés. Ils correspondaient tous à un coffre différent. Leur contenu permettrait au groupuscule du « Soleil Noir » d’ouvrir la porte maîtresse.
Ω Ω Ω
- Ça ne te suffit pas de me mêler à tes histoires, il faut en plus que tu me fasses mal ! Je me demande encore ce qu’il m’a pris de te suivre. J’imaginais que tu étais « un peu » amoureux… même pas ! Si je comprends bien, j’ai servi d’appât.
- Tais-toi Lucie, tu ne sais pas de quoi tu parles !
- J’aimerais bien que tu me l’expliques… je connaissais le lieutenant Paul Stalano de la SRPJ de Marseille, mais pas l’agent secret !
- Heum, heummm…
- C’est tout ?
- Oui (…) nous arrivons à l’aéroport. Puisque tu veux en savoir plus, nous allons jusqu’à Guadalajara,
puis, nous prenons un hélico pour nous rendre à Corte. Là, tu seras obligée de rester pour ta sécurité.
- Merci de ta sollicitude et de m’informer ! Des vacances de rêve… c’est bien ça que tu m’avais promis ? Et, je pourrais retrouver mon appart’ quand ?
- Je ne sais pas encore. Tout dépend de la suite des évènements, et de ce que le conseil décidera.
Ω Ω Ω
Je ne savais vraiment pas dans quoi Paul avait mis les pieds, je comprenais qu’il n’avait pas prévu l’écharde que j’allais être pour lui.
J’ai toujours eu une vie relativement paisible, avoir croisé la route de Paul avait tout changé. Il me répétait souvent que les contraires s’attirent, j’avais bien envie de le piquer aujourd’hui en lui disant :
- Jusqu’à un certain point !
Lorsque j’avais croisé la première fois son regard de braise, son air moqueur et fier, malgré les encouragements de Claire à aller vers Paul, j’avais consciencieusement passé la soirée à l’ignorer. Pourtant, lorsque son attention se posait sur moi, je sentais à intervalles réguliers une brûlure sur ma nuque. Ce n’est que bien plus tard, alors que je m’étais éloignée de cette agitation mondaine, que Paul s’était trouvé sur mon chemin.
- Un long moment que je vous observe. Vous mentez très mal !
- Je mens ?
- Je ne vous ai rien fait, même pas un semblant de drague, et vous faites mine de m’ignorer comme si j’étais une « croûte » de mauvais goût.
- C’est votre définition de la femme fausse… ne serait-elle pas tout simplement méfiante ? Que dois-je faire pour être la femme parfaite ?
- Accepter de partir d’ici et venir profiter de la vue magnifique sur la mer que j’ai chez moi. J’ai un excellent Porto, si ça vous dit ?
- C’est ce qui s’appelle ne pas douter de soi ! Un bon café fera l’affaire…
- J’ai ça aussi en magasin.
Paul m’avait pris la main, j’avais compris à cet instant précis, que mon destin ne se jouerait plus sur le même tempo.
Ω Ω Ω
Nous étions installés dans l’avion depuis quelques minutes, j’étais fébrile. Ne pas entendre parler Paul, lui qui pouvait passer des nuits entières à confier tout ce qui le hantait parfois, me déstabilisait. Je savais que nous avions à effectuer quelques heures de vol, la nuit avait été courte, je glissai dans un sommeil agité.
Ω Ω Ω
Elle était belle Lucie quand elle se laissait aller. Combien d’heures avais-je passé à la regarder dormir ? Entre femme et enfant, ado & femme fatale. C’était une sacrée rebelle qui n’avait jamais accepté que quelqu’un la dirige. Imprévisible tant dans ses colères que dans ses silences, elle pouvait être d’une douceur et d’une tendresse infinie.
Depuis la mort de ma femme, je n’avais plus regardé personne. A ce jour, je ne sais toujours pas quel avait été le déclencheur pour que mon cœur se remette à battre pour quelqu’un. Lucie était physiquement à l’opposé de Graziella, nous n’avions rien en commun. Seuls nos sales caractères, nos regards fiers qui ne baissaient jamais la garde, un sens de l’observation et de la curiosité, nous avaient fait avancer et continuer ensemble. Notre première nuit d’amour avait été une véritable révolution, une révélation tant pour elle que pour moi. L’accord parfait entre un homme et une femme que tout aurait dû séparer.
Ω Ω Ω
Le tremblement de l’appareil me fit augurer l’atterrissage à venir.
- Lucie ! Lucie ! Réveilles-toi, nous sommes arrivés.
- Huuuum…pas trop tôt ! Ton autre « carrosse ailé » nous attend ?
- Je vois l’hélico. Il ne faut pas perdre de temps ici.
- J’ai bien compris.
- Plus vite nous serons arrivés à Corte, plus rapidement nous serons en sécurité.
Ton regard au loin me faisait croire qu’à la longue j’oublierai.
C’était sans compter cette vague invisible, imprévisible, qui tourne, tourne, va et vient dans un cercle infernal.
Ce matin, une brume épaisse, cotonneuse, qui transperce, m’a fait frissonner.
Où était passé le vent ?
Tu sais, celui qui faisait qu’au-delà des frontières, montagnes, celle des cieux de mon horizon, je percevais le souffle de tes émotions.
Subliminale Possession de Ma Pensée.
Au creux de mon épaule tu m’avais dit :
si le silence entre-nous un jour se fait, surtout, ne te résigne pas… sache que j’suis toujours là, à l’ombre de tes pas.
Lorsque le monde se calme, s’endort, se tait, mon esprit s’envole et interroge.
De jour, de nuit, je parcours les kilomètres qui nous séparent.
Retrouve ton parfum, ta douceur, ta lumière. Celle qui toujours éclaire, mon gris parfois trop sombre. J’écoute chanter la cascade de ton rire, plonge dans ton regard, me pose et me repose.
dans tous les sens, en vrac'patatrac, patte à trac, tout éclate, comm'une claque, fait flic flac, dans une flaque, de non-sens, en un sens, sent l'encens et recense, une absence ?
Sans doute...
Pense, panse pas, mal, ne t'emballe pas, aime, déteste-toi, viens, reste chez toi, va, reviens vers moi, où, mais où es-tu toi ? tue-toi ? tutoie ?
Pourquoi ?
J'sais pas... c'est comme ça, je m'en 'va, à pas de chat...
P'tite folie du soir, qui vient dans le noir, sans le vouloir, un défouloir, un déversoir, ami's bonsoir ♥ ♥ ♥