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Petit Roseau au gré du vent, du temps, des mots, quelques photos.
6 avril 2019

~ Au plus profond de ma nuit noire ~

Nous faisons tous plus ou moins semblant.
Nous tournons, nous retournons dans notre microcosme, à l’image de fourmis qui s’agitent dans une fourmilière. Occuper l’espace, être présent de toutes les manières, prouver au monde entier nôtre existence.

Je fais partie de ce va-et-vient des temps modernes.

S’agripper au train en marche, surtout ne jamais décrocher son wagon de la file au risque de disparaître aux yeux de la foule passante. Celle qui ne se voit pas, ne s’entend et ne se touche pas.

Une infime parcelle de ce monde arrive à s’extraire et faire le pas de côté. Quelques privilégiés se vantent de ne pas se mélanger. Propriétaires de petites coupures épaisses, héritiers de comptes écus sonnants et trébuchants.

Moi,
je te parle d’amour, de ciel, de couleurs, de lumière, de fleurs, du jour, de la nuit, soleil ou lune, étoiles et battements de cœur, parce qu’écrire me fait du bien, les mots, antidote au venin de ma vie. Oh, elle n’est pas pire pas mieux que le tout un chacun, juste un peu plus douloureuse. Cicatrices anciennes, récentes, qui laissent certains jours quelques traces plus visibles. Pour les atténuer, je préfère te parler de pluie, du temps, me perdre ou me noyer dans la beauté des autres.

Quelques instants de répit, c’est toujours ça de pris sur ma mélancolie.

Le comble dans tout cela, c’est qu’ils pensent que ma vie est belle, parce qu’au-delà du miroir, celui que tu ne vois pas, celui que je ne raconte pas, je ris. Souvent, régulièrement, pour un oui, pour un non, pour un rien. Mon noir à l’âme a besoin de cette échappatoire, cette andrône invisible, c’est affaire d’équilibre.

Toi ou toi, tu crois que je m’amuse, je joue un « rôle théâtre » afin de me démarquer. A vrai dire, j’en viens à me demander si tu n’as pas raison.

Malheureusement vois-tu, je n’ai pas le profil.

Hier,
la petite m’a dit « mon dieu que vous faites jeune »… j’aurais voulu la croire, ma tête, elle, hurlait « mais tu te fous de moi ! » Telle une provocation ou bien pour m’emmerder, trois fois la damoiselle me l’a répétée.

Je me suis tue, j’ai souri.

Les prisons ne se trouvent pas toujours là où l’on imagine. Il suffit de si peu pour déposer la première pierre à l’édifice. Les jours avancent et font des fils d’années. Tu t’aperçois alors que cette liberté rêvée a comme l’horizon.

Cher amour je t’envie.

Tu peux te retourner, tu sais ce que tu as fait. Le travail accompli, le plaisir que tu as pris, le sentiment profond de ne pas avoir été qu’un acteur du grand vide.

Mon scénario perso a été agité, compliqué, il m’a usé de larmes, d’inquiétudes, de peur, de fatigue, de tout. Mais en définitive, le bonheur, le vrai, celui qui te pousse le matin à te lever, te coucher heureux parfois même content, je ne m’en souviens plus. À peine un souvenir, un halo transparent, perdu dans le brouillard de ma jeunesse fanée.

Tu comprends maintenant pourquoi je suis ce train.

Il ne mène nulle part, j’en suis bien trop consciente. Il est pour moi un filtre, ne pas être un déchet dont on finira tôt ou tard par se débarrasser sans autre forme de procès, en disant « allez hop, du balai ! »

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© Texte    Nathalie K
30 mars 2019 ~ 00:45

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