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Petit Roseau au gré du vent, du temps, des mots, quelques photos.
15 juillet 2012

Et si j’écrivais un peu… le Mexique ?

Paul s’était évaporé dans la nature. Je me rendais compte que je n’avais pas bougé le petit doigt pour le retenir. Vers quel pays, quel port avait-il dirigé ses pas ?

 Ω Ω Ω

Je me retrouvais seule dans cette chambre d’hôtel à écouter cette musique mariachi, vague souvenir d’une adolescence trépidante et mouvementée.

 

 

 

 

 

 

Cette époque depuis longtemps révolue me semblait à la fois si proche et si lointaine. Le ronron du ventilo tournait à plein régime, il m’empêchait de sombrer dans un sommeil que j’aurais voulu éternel.

Trois coups légers me firent sursauter.

Inquiète, je me levai sans grande conviction. Personne ne savait que j’étais dans ce pays où je ne serais jamais au grand jamais venue me perdre s’il n’y avait eu Paul.

- Oui !

A peine avais-je ouvert la porte, je sentis une main se plaquer sur mon visage, ma bouche, une voix d’homme me susurra à l’oreille d’un air menaçant :

- Ne bouge pas ou j’te crève ! Dis-moi où ton mec a planqué les papiers et le pognon !

Mon sang ne fit qu’un tour, j’avais l’impression que mon cœur allait exploser.

- Quoi ?! Non mais vous êtes cinglé ! Je ne sais pas de quoi vous parlez ! Vous vous trompez de personne…

- Tu vois ce couteau et ce colt bellissima, si tu n’veux pas que je m’en serve, il vaut mieux que tu allonges tout ce que tu sais et rapidos ! Comprendes ?

- Quel papier ?

- Ne me dit pas que ce con de Paul ne t’a pas tenu au courant de son petit business ! Comme si tu ne connaissais pas son rôle d’agent double pour le gouvernement ?

Mes jambes étaient en coton, je tombai tremblante sur le bord du lit.

- Non… rien !

L’inconnu qui empestait le cigarillo, avait une voix nasillarde, un regard d’acier. Il se dirigea alors vers la sortie sans piper mot. D’un demi-tour sec, il lança :

- Tache de te renseigner et de le recontacter, sinon… son geste significatif ne faisait aucun doute quant au sort qu’il me réservait. Il n’hésiterait pas à me tuer.

  Ω Ω Ω

J’étais sonnée.

Dans quel merdier Paul s’était encore fourré ? Agent double, j’aurais tout entendu ! Qu’est ce que j’allais faire à présent ? Je comprenais mieux sa disparition incompréhensible et soudaine.

Me laisser seule, en plein Mexique, sachant tout juste tenir une conversation ! Heureusement j’avais mon passeport, je n’allais pas stagner dans ce pays où je risquais à tout moment me faire égorger. Mais au fait, où était-il ? Un doute un seul me serra la gorge. Dans un élan, je me jetai pour vérifier notre planque.

Rien !

Une fois encore, je m’écroulai, anéantie. Seule, avec tout juste quelques pesos de touriste, un tueur à mes trousses, j’étais foutue. Dans un dernier sursaut, je vis mon portable clignoter à l’image d’un phare dans la nuit. Un message laconique de … Paul !

« Lucie, je sais je suis un con, inconscient. Ne t’inquiète pas, je vais te sortir de ce guêpier. Plus d’explications bientôt. Taime toujours et encore. Paul »

Quel imbécile ! Il pensait peut-être que ce texto allait agir comme un tranquillisant. J’étais tellement énervée que j’envoyais valdinguer tout ce qui passait à ma portée. En larmes, je me jetai en travers du lit, seul et unique refuge dans cette chambre qui me paraissait de plus en plus sordide.

Une fois calmée, je composai le numéro de Paul, priant tous les Dieux pour qu’il réponde.

Cinq sonneries, son répondeur, sa voix… curieusement et malgré mon désespoir, je me sentis apaisée. C’est idiot comme parfois, quelques mots banals vous font reprendre le contrôle dans des situations extrêmes.

Mais au fait, le contrôle de quoi ?

A cette heure, le mystère reste entier au bout de ce message.

 Ω Ω Ω

- Pssst ! Lucie !

- Heuuu, oui, quoi… Paul c’est toi ?! Espèce d’infâme pourriture, saleté, sale bête, mais pourquoi m’as-tu fait ça ?

- Ne perds pas de temps, viens ! Rassemble un minimum d’affaire, les passeports je m’en charge, nous repartons pour la France.

- Ça ne t’étouffe pas ?

- Je n’ai pas le temps de t’expliquer.

Pendant  que Paul s’agitait, balançant en vrac quelques affaires de Lucie, elle de son côté faisait sa tête de mule. Il finit par l’attraper brusquement en l’empoignant et la poussant vers l’extérieur.

 Ω Ω Ω

Je sais qu’elle n’a pas tort, je n’aurais jamais dû l’entraîner dans cette histoire. Quand j’ai accepté de venir en sous-marins à Ensenada, je devais être seul. Premières règles de sécurité pour ne pas se faire repérer : téléphoner que pour les urgences, se tenir à tel endroit à telle heure selon un plan bien établi.

Je n’avais pas prévu cet attachement, le besoin que Lucie soit près de moi en permanence. Je savais  que j’allais passer un mauvais quart d’heure quand Diego allait apprendre l’entorse au programme, la réunion du conseil allait être houleuse.

J’avais bien fait de graisser la patte du groom de l’entrée. Avec sa mine blafarde et son œil fermé, il avait bonne oreille. Sa rapidité à me joindre lorsqu’il avait vu Carmino Gonzalvez entrer dans l’hôtel, demander la chambre « 8 », il avait eu une judicieuse idée. La première main de Mattéo en personne, prouvait que nous avions touché juste en subtilisant ces bordereaux numérotés. Ils correspondaient tous à un coffre différent. Leur contenu permettrait au groupuscule du « Soleil Noir » d’ouvrir la porte maîtresse.

 Ω Ω Ω

- Ça ne te suffit pas de me mêler à tes histoires, il faut en plus que tu me fasses mal ! Je me demande encore ce qu’il m’a pris de te suivre. J’imaginais que tu étais « un peu » amoureux… même pas ! Si je comprends bien, j’ai servi d’appât.

- Tais-toi Lucie, tu ne sais pas de quoi tu parles !

- J’aimerais bien que tu me l’expliques… je connaissais le lieutenant Paul Stalano de la SRPJ de Marseille, mais pas l’agent secret !

- Heum, heummm…

- C’est tout ?

- Oui (…) nous arrivons à l’aéroport. Puisque tu veux en savoir plus, nous allons jusqu’à Guadalajara,

 

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Photo sur Site

 

puis, nous prenons un hélico pour nous rendre à Corte. Là, tu seras obligée de rester pour ta sécurité.

- Merci de ta sollicitude et de m’informer ! Des vacances de rêve… c’est bien ça que tu m’avais promis ? Et, je pourrais retrouver mon appart’ quand ?

- Je ne sais pas encore. Tout dépend de la suite des évènements, et de ce que le conseil décidera.

 Ω Ω Ω


Je ne savais vraiment pas dans quoi Paul avait mis les pieds, je comprenais qu’il n’avait pas prévu l’écharde que j’allais être pour lui.

J’ai toujours eu une vie relativement paisible, avoir croisé la route de Paul avait tout changé. Il me répétait souvent que les contraires s’attirent, j’avais bien envie de le piquer aujourd’hui en lui disant :

- Jusqu’à un certain point !

Lorsque j’avais croisé la première fois son regard de braise, son air moqueur et fier, malgré les encouragements de Claire à aller vers Paul, j’avais consciencieusement passé la soirée à l’ignorer.  Pourtant, lorsque son attention se posait sur moi, je sentais à intervalles réguliers une brûlure sur ma nuque. Ce n’est que bien plus tard, alors que je m’étais éloignée de cette agitation mondaine, que Paul s’était trouvé sur mon chemin.

- Un long moment que je vous observe. Vous mentez très mal !

- Je mens ?

- Je ne vous ai rien fait, même pas un semblant de drague, et vous faites mine de m’ignorer comme si j’étais une « croûte » de mauvais goût.

- C’est votre définition de la femme fausse… ne serait-elle pas tout simplement méfiante ? Que dois-je faire pour être la femme parfaite ?

- Accepter de partir d’ici et venir profiter de la vue magnifique sur la mer que j’ai chez moi. J’ai un excellent Porto, si ça vous dit ?

- C’est ce qui s’appelle ne pas douter de soi ! Un bon café fera l’affaire…

- J’ai ça aussi en magasin.

Paul m’avait pris la main, j’avais compris à cet instant précis, que mon destin ne se jouerait plus sur le même tempo.

 Ω Ω Ω

Nous étions installés dans l’avion depuis quelques minutes, j’étais fébrile. Ne pas entendre parler Paul, lui qui pouvait passer des nuits entières à confier tout ce qui le  hantait parfois, me déstabilisait. Je savais que nous avions à effectuer quelques heures de vol, la nuit avait été courte, je glissai dans un sommeil agité.

 Ω Ω Ω

Elle était belle Lucie quand elle se laissait aller. Combien d’heures avais-je passé à la regarder dormir ? Entre femme et enfant, ado & femme fatale. C’était une sacrée rebelle qui n’avait jamais accepté que quelqu’un la dirige. Imprévisible tant dans ses colères que dans ses silences, elle pouvait être d’une douceur et d’une tendresse infinie.

Depuis la mort de ma femme, je n’avais plus regardé personne. A ce jour, je ne sais toujours pas quel avait été le déclencheur pour que mon cœur se remette à battre pour quelqu’un. Lucie était physiquement à l’opposé de Graziella, nous n’avions rien en commun. Seuls nos sales caractères, nos regards fiers qui ne baissaient jamais la garde, un sens de l’observation et de la curiosité, nous avaient fait avancer et continuer ensemble. Notre première nuit d’amour avait été une véritable révolution, une révélation tant pour elle que pour moi. L’accord parfait entre un homme et une femme que tout aurait dû séparer.

 Ω Ω Ω

Le tremblement de l’appareil me fit augurer l’atterrissage à venir.

- Lucie ! Lucie ! Réveilles-toi, nous sommes arrivés.

- Huuuum…pas trop tôt ! Ton autre « carrosse ailé » nous attend ?

- Je vois l’hélico. Il ne faut pas perdre de temps ici.

- J’ai bien compris.

- Plus vite nous serons arrivés à Corte, plus rapidement nous serons en sécurité.

- De toute façon je n’ai pas mon mot à dire …

- Moi si… je t’aime !
 

© Texte (13 & 14 juillet 2012)
Petit Roseau - Nathalie K

 

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Commentaires
N
Je te souhaite une belle journée pleine de joie<br /> <br /> plein de bisous
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L
Comme tu as pu lire, j'ai ressorti Paul & Lucie de leur boite et j'ai écrit... ce sont mes personnages fétiches depuis de nombreuses années.<br /> <br /> Je ne savais pas trop où ils allaient m'emmener sinon que j'avais - Mexique - qui clignotait en ligne de mire[Cheese] Si je ne leur ai pas fait faire du tourisme, je dois dire que ça m'a permis d'occuper mon temps alors que je ne trouvais pas le sommeil et que les festivités du 14 juillet à deux pas de chez moi faisaient le grand chambardement. <br /> <br /> Pas vraiment des Mariachis, mais bon...[Reflechir]<br /> <br /> La photo est superbe, si la destination t'intéresse, je te propose d'aller découvrir le photographe et son récit ici :<br /> <br /> =&gt; [U][URL]:url:mariemalzac.blogspot.fr/2012/04/couleurs-sons-et-saveurs-de-guadalajara.html[NAME]clic ici pour découvrir l'auteur de la photo...[/URL][/U]<br /> <br /> <br /> Merci de tes compliments Guy, tu n'as pas été en reste ce matin avec ton texte qui m'a beaucoup plu, je t'embr[Bisou]<br /> <br /> nb : je t'ai répondu à ton commentaire sur [U][URL]:url:lyliecartomancie.canalblog.com/[NAME]Lylie cartomancie[/URL][/U], je te propose de t'abonner, si ça t'intéresse bien sûr ;)
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L
Il est toujours agréable de recevoir un petit signe du jour et quelques bisous ma mima en vacances de "bout de choux", je t'embr[Bisou]
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P
Sacré Paul !<br /> Conserve bien toutes les photos pour l'album et... aussi pour le mettre au pied du mur après l'apéro !<br /> Bravo... bel exercice.
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N
Ma visite du jour pour te faire un coucou et te faire plein de bises<br /> <br /> bonne journée mon petit roseau
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