Comme une envie de douce fraicheur d’été, je m’en vais par les chemins de mes souvenirs.
J’entends la rivière me fredonner sa chanson. Tu sais, celle guillerette qui joue à “clap’ clap ” avec les cailloux.
Les“ grands ” restent derrière les volets clos. Soleil impitoyable d’août qui chauffe les corps et les têtes. Toi & moi on s’en fout, les vélos sont là, serviette autour du cou, nous partons la rejoindre. Peu importe la chaleur, les arbres nous accompagnent tout le long du trajet.
Attend un peu, tu vas trop vite !
Je ne peux pas il fait trop chaud
Plus vite on arrive, plus vite on se baigne
Ce n’est pas juste, ton vélo est plus “ jeune ”
Tant pis pour toi, la prochaine fois je te “ cale ”
La prochaine fois, la prochaine fois, et aujourd’hui je fais comment ?
Je te vois, tu profites parce que tu connais les moindres replis du sentier par cœur, hiver, printemps, automne, été. Il n’y a que quelques jours que je viens d’arriver. Tu verras à la fin des vacances, qui sera au camp le premier.
Elle est trop bonne, viens te baigner !
Laisse-moi me poser, je sens que je vais m’effondrer
Il va falloir t’y mettre ma petite
Ne fais pas ton fanfaron, rira bien qui rira le dernier.
Regarde, je viens de capter un banc de poissons !
Tu plaisantes, déjà que je n’arrive pas à passer le cap du ventre…
Le cap du ventre ?
Oui, tu as plongé direct ?
Quelle gourde tu fais ma pauvre, l’eau du torrent est chaude ici
Il faut le dire vite, une fois qu’on y est
Alors, c’est pour aujourd’hui ou pour demain ?
Pour demain…ça y est
Eh bien, ce n’est pas malheureux !
J’espère que tes piranhas ne vont pas nous dévorer ?
Penses-tu, ce sont des petits gris, aide-moi, je veux les attraper
Encore faudrait-il que je les aperçoive… ah, j’en vois un, deux, mais il y en a plein
J’en ai un !
Et bien tu peux toujours courir pour que j’y arrive
Oh… saleté !
Quoi ?
Je viens de me tordre la cheville
Tu es bien une fille toi, on n’est pas à la plage ici !
Comme si je ne le savais pas, je ne suis qu’une demi-étrangère, ne l’oublie pas
Pffft, demi-étrangère, une empotée oui !
Tu m’ennuies, je vais nager
Attention aux requins, ils sont tous près du barrage
Idiot ! Gaffe que ta poiscaille ne se transforme pas en dragons
Vraiment plus agréable parfois d’être seule qu’avec cet imbécile et ses satanés jeux de bébé. Elle paraît toujours glacée cette rivière quand j’y dépose le premier peton, passer le cap du ventre est terrible. Ensuite, les heures peuvent s’écouler, je ne veux plus partir.Tiens, et si j’allais maintenant rêver sous cet arbre ?
Petit Roseau - Nathalie K
© Texte & Photos