Il y avait un long moment que je n’étais plus partie par les chemins de ma campagne. Il était temps de retrouver le printemps, le soleil et les petits oiseaux.
Parfois, les êtres changent. Les lieux, même s’ils ne sont jamais tout à fait les mêmes, gardent leur âme & leur part de mystère. C’est le cas de cette maison que je connais par cœur et qui pourtant ne me laisse jamais indifférente. J’ai toujours l’impression qu’une fée ou une sorcière va en sortir et me faire déguerpir…
Un peu plus loin, au détour d’une courbe de voie ferrée, un train m’a fait sursauter. Peu importe, il faisait si doux, si bon, rien ni personne n’aurait pu m’empêcher de continuer. C’est là que j’ai aperçu un de mes coins préférés, je dis bien un. Je savais que le jaune ne manquerait pas de m’interpeller, alors, sans hésitation je me suis posée. Allongée sur ce tapis d’herbette colorée, j’entendais à qui mieux mieux zonzonner des abeilles très affairées…
Il a bien fallu bouger. Près d’un buissonneux roncier, les corolles de ces pervenches m’ont attiré comme un aimant. Je ne m’habituerai jamais à ce mélange de fin d’hiver et de printemps éclatant.
Après avoir passé le petit pont aux cascades du Moulin, croisé quelques pêcheurs de truites, le petit ruisselet qui chantonnait m’appelait. Impossible de résister à ces un, deux, trois soleils accompagnés d’une anémone des jardins chics.
Celle-ci criait plus fort…
tout de rose vêtue, elle semblait toute perdue.
Le chuchotement des sœurs blanches cachées près du ruisseau m’a fait tendre plus fort l’oreille. Que disaient-elles ? Un mystère que je n’ai pas cherché à connaître, chacun ses secrets...
Oh le petit cabanon ! Il était si joli…
J’ai déjà capturé son profil sous les feuilles rouges d’automne. Son cœur semblait en hiver, il lui faudrait si peu pour qu’il reprenne vie.
Le ciel était tout bleu,
un avion passait par là,
traçant à la craie un signe…
J’ai levé le regard
en pensant à toi,
un peu à moi
et puis voilà.
© Texte & Photos Nathalie K.
31 mars 2016 – 18 : 08