Une artiste, qui souffle, non pas « dans le vent », mais sur verre.
Depuis peu, cette « belle » à la voix rauque, aux notes, compositions, arrangements personnels, est mise en lumière, sous les feux des projecteurs... pour mon plus grand plaisir.
Sa prestation d’hier soir m’a fait penser immédiatement à une grande dame, Joan Baez...
Je vous propose de l’écouter et de la découvrir :
J’avais souligné la magie d’un duo Joan Baez & Bob Dylan « Blowin' In The Wind », en 2008 exactement, dans « Mon ciel ».
Je le remets ici parce qu’il passe maintenant en boucle dans le p’tit air de mes pensées…
Soufflée Dans Le Vent (Blowin' In The Wind - Bob Dylan & Joan Baez - Colorado 23 mai 1976)
Combien de routes un homme doit-il parcourir Avant que vous ne l'appeliez un homme ? Oui, et combien de mers la colombe doit-elle traverser Avant de s'endormir sur le sable ? Oui, et combien de fois doivent tonner les canons Avant d'être interdits pour toujours ?
La réponse, mon ami, est soufflée dans le vent, La réponse est soufflée dans le vent.
Combien d'années une montagne peut-elle exister Avant d'être engloutie par la mer ?
Oui, et combien d'années doivent exister certains peuples Avant qu'il leur soit permis d'être libres ?
La réponse, mon ami, est soufflée dans le vent, La réponse est soufflée dans le vent.
Combien de fois un homme doit-il regarder en l'air Avant de voir le ciel ?
Oui, et combien d'oreilles doit avoir un seul homme Avant de pouvoir entendre pleurer les gens ?
Oui, et combien faut-il de morts pour qu'il comprenne Que beaucoup trop de gens sont morts ?
La réponse, mon ami, est soufflée dans le vent, La réponse est soufflée dans le vent.
Je suis certaine que la voix de Aude serait allée à merveille avec ces « deux grands » qui ont une place bien particulière dans mon cœur…
Il y avait longtemps que Lucie n’avait fait paraître son minois.
Pour qui ? Pourquoi ?
Elle savait que tant de gens étaient en attente de ce qu’elle pourrait dire ou faire. Elle pensait à Paul, il la connaissait par cœur. D’un regard il devinait son état d’esprit.
- Bouge toi ! Réagis ! Tu ne te rends pas compte que tu t’enfermes chaque jour un peu plus ! Bon sang, je t’ai connu combative, créative, rebelle, prête à démolir des montagnes !
- Je sais Paul. La vie s’est chargée de me casser en mille morceaux. Toi, tu es pris par le tourbillon de tes amis, tes relations, ton boulot, ta ville. Moi, je n’ai plus rien, même plus mon chien !
- Combien de fois faut-il que je te répète de rejoindre la capitale ? Je suis là, seul comme un con, pendant que tu moisis dans ton bouiboui !
- Trop enracinée à ma terre Paul…
- Pas de soucis, je descends avec mon Caterpillard ! Allez la belle, je ne te demande rien, juste de te ressaisir. Retrouve ton sourire et ta joie de vivre, la suite, c’est toi qui l’écriras. Il faut que je parte, réfléchi à ma proposition, elle est très sérieuse.
- Tu es un amour, mais…
La communication fut interrompue.
Se remettre en question, bouger, changer, partir, loin, très loin… j’avais tourné et retourné des milliers de fois ces images dans ma tête. En rêve, en cauchemars, endormie, éveillée.
Pierre m’avait laissé seule. Du jour au lendemain plus de travail, j’étais tombée dans la précarité sans avoir eu le temps de respirer.
- Où étais-tu toi que j’aimais ?
J’imaginais que tôt ou tard je m’en sortirai… foutaises ! Tel un soldat dans une guerre qui ne finit pas, qu’il ne comprend pas, enfermée dans une prison à ciel ouvert, je restais prostrée, en léthargie. Recroquevillée de jour comme de nuit.
Le brasier qui flambait, étincelait, vibrait, avant, se réduisait peu à peu à une flamme fragile, prête à s’éteindre, maintenant.
Comment sortir de ce carcan ?
Paul était mon contraire, mon inverse. Son côté force me fascinait. Il n’avait pas eu une enfance facile. Perdre sa mère alors qu’il n’avait pas cinq ans l’avait rendu combatif, invincible. Il prenait des colères noires quand je lui lançais en souriant qu’il était « le cavalier immortel » Autant de fois Paul était tombé, toujours il se relevait ! Plus fort, plus vaillant.
- Ne me fais pas passer pour plus fort que je ne suis ! Te souviens-tu de ta promesse à tenir la tête haute et fière quoi qu’il arrive ? La mort n’a pas voulu de toi, alors maintenant : Vis !
La grande faucheuse n’avait pas voulu emporter la petite jeunette de vingt ans anorexique, elle ne pouvait s’empêcher de venir la narguer de loin en loin.
Lucie en était là de ses réflexions moroses, lorsque le bip de son mobile la fit sursauter…
- Oui !
- Lucie ?
- Paul !
- J’ai réfléchi, tu ne peux absolument pas continuer sur ce tempo ! Je viens ce week-end.
- Et ?
- Et tu fais tes bagages ! Ne me fait pas le coup de « ta » terre, je vais te faire goûter le bitume, les flonflons et les paillettes, les lumières, l’agitation de la rumba parigote. Tu verras, cette danse t’ira comme un gant ma cocotte !
Un retour sur mon adolescence par quelques ricochets, même si c'est une version plus rythmée de « Forever young » que j'ai en tête.
D'un film, « Pour lui », vers un réalisateur, jusqu'à un acteur, à nouveau un réalisateur, Jean-Luc Godard (1965) me voilà avec Alphavilleet des milliers de souvenirs, j'aime ça...